Comment se régénérer après l'incendie du burnout?

lettre #2 - Cendres

Les mots qui réparent
3 min ⋅ 05/03/2025

Faire un burn-out dans une entreprise qui vendait des détecteurs à incendie, c’est un comble. Comment n’ai-je pas su entendre l’alerte ? Cette question m’a longtemps hantée, remplie de culpabilité.

Le burn-out est un terme anglais, affiché sur le site de l’Académie française depuis 2012, où il est préconisé d’employer le terme "épuisement" dans le sens de "carbonisé". Est-ce que substituer "carbonisé", un mot chargé d’image et de goût, par "burn-outé" serait la cause de la si difficile reconnaissance de ce mal du siècle ? Aujourd’hui, le terme burn-out est prononcé dans toutes les bouches sans qu’il ne brûle la langue. Si un mot n’est jamais la réalité, ne doit-il pas se rapprocher de l’expérience ? L’expérience du burn-out est une combustion, un processus où l’on se consume jusqu’à l’épuisement, tant physique que psychique et émotionnel. Ce que j’ai vécu est très éloigné des préjugés qui l’associent à un simple syndrome dépressif. Devenir cendre, ressentir cette brûlure intérieure. Quand la douleur se transforme en souffrance, l’épisode dépressif apparaît, non pas comme un état initial, mais comme une conséquence. C’est comme si le goût de brûlé me privait du vrai goût des choses. Ce goût m’a longtemps accompagnée, se transformant peu à peu en fumet, en saveur des profondeurs.

On voit des forêts se régénérer après un incendie, on parle du phénix qui renaît de ses cendres. Pourtant, quand on est un grand brûlé, la douleur est vive. Enfant, je passais mes vacances à Saint-Gervais-les-Bains, en Haute-Savoie. L’eau de la montagne calmait les douleurs des grands brûlés qui affluaient dans ce lieu de cure. À six ans, voir ces visages et ces corps déformés à la piscine municipale m’a profondément marquée. Saint-Gervais est l’endroit où j’ai baigné mes brûlures face au Mont-Blanc. C’est là que j'ai commencé à écrire ma "to doux liste", si différente de la "to do list".

La "to doux liste" est celle des choses qui font du bien, des plaisirs simples comme un bol de thé, le parfum d’une rose ou un bain chaud. Comme dirait quelqu’un qui m’est cher : ne me croyez pas sur parole, essayez…

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Les mots qui réparent

Les mots qui réparent

Par KIKKA

Je suis Laure-Emmanuelle Degen,  Kikka l’auteure du roman « Je ne te pensais pas si fragile » publié aux Editions Eyrolles. La publication de cette auto-fiction a été le franchissement d’un pont entre la directrice commerciale et marketing qui a œuvré pendant plus de vingt ans à des postes de business développement et la femme auteure qui par la voie du verbe arpente les chemins d’un pèlerinage vers Soi. Très loin des modèles prédestinés, je marche souvent à contrecourant d’un certain conformisme du monde. Aujourd’hui, écrire, lire  méditer sont les activités qui me nourrissent. Même si vivre en écriture et vivre de l’écriture ne se rejoignent pas toujours, le courage et la poésie m’aide à avancer. Conceptrice et animatrice d’atelier d’écriture, coach , j’anime aussi des conférences en matière de prévention sur des sujets de santé mentale. Je parle avant tout depuis une expérience.  Aujourd’hui l’écoute intérieure est au cœur de mon attention. Je souhaite à travers cette newsletter établir un correspondance authentique qui n’a aucune visée ni aucun objectif autre que celui d’accompagner le mouvement de la vie. J’aime l’idée romantique d’éveilleuse de mots et de passeuse de textes.