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Épiphanie - lettre #1

Les mots qui réparent
4 min ⋅ 25/02/2025

A vous qui posez vos yeux sur ces lignes,

La vie m’invite à explorer des territoires fermés par des croyances en béton. La première porte, celle de ma vulnérabilité, s’est ouverte à la dynamite. Ma plus grande vulnérabilité a été de croire en mon invulnérabilité. L’écriture est cette ligne qui me permet d’explorer la lisière entre réalité et fiction.

C’est un médecin qui m’a prescrit l’écriture. À ce moment-là, je ne comprenais pas cet acharnement. Pourquoi analyser mes pensées ? Depuis un silence profond, mes premiers mots ont surgi, comme si je marchais dans un tunnel noir d’encre.

L’écriture est devenue le fil qui coud, enlace les lettres et referme la plaie. À l’école, on m’avait appris à broder. La vie m’apprenait à coudre, à assembler et à réparer les déchirures. Pas d’ornement, juste suturer à point d’encre les pages de mon cahier, traçant une carte de mes cicatrices.

L’idée d’un manuscrit est venue plus tard. “Je ne te pensais pas si fragile.” Cette phrase, qui m’a poignardée, s’est imposée comme titre. Le manuscrit a rencontré les éditions Eyrolles : le roman fut publié. L’écriture ne m’a plus quitté.

2025, rebaptisée année de la santé mentale : devons-nous nous réjouir de cette prise de conscience ou nous indigner ? “Je ne te pensais pas si fragile” a été finaliste du prix du roman d’entreprise en 2021. Que reste-t-il des mots posés sur les maux ?

Cette semaine, j’ai été bouleversée par le geste d’un contact LinkedIn. Philippe a tenté de se suicider suite à la non-reconnaissance par le tribunal des prud’hommes de faits de harcèlement. Traverser l’absurde et franchir le sommet du non-sens demande un courage inouï à celui qui a soif de justice. Pour avoir effectué une telle traversée, il m’est impossible de taire l’écho qu’a réveillé ce post.

Je relis un passage du livre “Le Prophète” de Khalil Gibran.“Vous pouvez voiler le tambour et vous pouvez délier les cordes de la lyre, mais qui pourra interdire à l'alouette de chanter ?” Murmurer cette phrase en silence, ressentir la pulsion d’écrire comme une sève qui encre les mots. Elle est la pure manifestation de la vie. Elle me rappelle que ce qui est important, c’est ce qui est vivant et pas ce qui a été décidé. J’écris pour y voir clair. Le mouvement de l’écriture comme un moment d’épiphanie.

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Les mots qui réparent

Les mots qui réparent

Par KIKKA

Je suis Laure-Emmanuelle Degen,  Kikka l’auteure du roman « Je ne te pensais pas si fragile » publié aux Editions Eyrolles. La publication de cette auto-fiction a été le franchissement d’un pont entre la directrice commerciale et marketing qui a œuvré pendant plus de vingt ans à des postes de business développement et la femme auteure qui par la voie du verbe arpente les chemins d’un pèlerinage vers Soi. Très loin des modèles prédestinés, je marche souvent à contrecourant d’un certain conformisme du monde. Aujourd’hui, écrire, lire  méditer sont les activités qui me nourrissent. Même si vivre en écriture et vivre de l’écriture ne se rejoignent pas toujours, le courage et la poésie m’aide à avancer. Conceptrice et animatrice d’atelier d’écriture, coach , j’anime aussi des conférences en matière de prévention sur des sujets de santé mentale. Je parle avant tout depuis une expérience.  Aujourd’hui l’écoute intérieure est au cœur de mon attention. Je souhaite à travers cette newsletter établir un correspondance authentique qui n’a aucune visée ni aucun objectif autre que celui d’accompagner le mouvement de la vie. J’aime l’idée romantique d’éveilleuse de mots et de passeuse de textes.